lundi 11 novembre 2019

Un charme, de la souche au bonsaï




Petit article motivant pour partir sur des souches, sans potentiels évident, mais pouvant réserver des surprises en jouant sur les volumes de bois.

L'idée était de former un arbre accidenté au cœur, qui s'est reconstruit au fil des années.
Techniquement, ont été mis en oeuvre des opérations simple de sélection de bourgeons et rameaux, ligature des jeunes rameaux pour positionnement, et gestion différenciée des tailles en fonction des objectifs.

mars 2012 : prélèvement


Il s'agit d'un chablis, avec l'accident suffisamment récent pour maintenir une vigueur permettant  d'envisager son prélèvement. Ce dernier s'est avéré non compliqué du fait de son caractère "demi déraciné".



Sur la photo, une partie de la souche est un peu enterrée. On remarque les 3 groupes de rameaux, qui définiront les 3 futures troncs d'une cépée particulière.

L'arbre sera laissé libre les 3 prochaines années pour reprendre de la vigueur.


janvier 2015 : premières interventions


photo de l'arbre sur l'actuelle face avant :


Sur l'actuelle face arrière : on observe bien le changement de couleur du bois, témoignant d'un retrait de sève sur les zones ne participant plus à l'irrigation de rameaux.



Le premier travail sera un dégrossissage du bois mort ou non utile. Tournevis, marteau/burin... C'est important que l'arbre soit parfaitement enraciné ou très bien attaché pour éviter de trop impacter le racinaire par les vibrations.







La partie "rondin" a ainsi été supprimée, jusqu'au niveau d'une cavité ancienne. Le bois alimentant les branches en place a été conservé. Les branches prennent alors un aspect de tronc. La base s'évase dans le sol, c'est elle qui formera la conicité.

Printemps 2016, après un rempotage en micapot




Le rempotage a permis de dégager la base, apportant une grande force à l'arbre. La végétation est sélectionnée/taillée, notamment l'hiver.



janvier 2017



l'arbre est resté en pousse libre l'année précédente pour faire grossir ce qui avait besoin (charpentières, prolongement des troncs et cimes). Cette saison lui a permis d'accumuler beaucoup de réserves.

mars 2018

La structure est en place. Reste la ramification, en veillant à différencier les opérations de tailles selon le positionnement des branches (pousse libre à venir des charpentières du bas, tandis que le haut sera taillé pour gérer la dominance apicale et éviter le grossissement des branches des cimes).



février 2019


Les branches du bas ont pris de la consistance, le haut a été contenu.

Les branches charpentières à la droite de l'arbre doivent grossir davantage : elles n'ont pas été raccourcies.

L'arbre vient d'être rempoté en poterie. Les limites bois mort/bois vivant ont été affinées.


Juillet 2019

Défoliation... l'arbre étant encore vigoureux. 





Novembre 2019

L'arbre s'équilibre doucement, les branches de droites sont encore conservées sans tailles comme tire-sèves pour les laisser grossir. Un branche médiane doit grossir également. Le reste de l'arbre devra être contenu par tailles en vert/défoliation durant la prochaine saison végétative.



jeudi 11 juin 2015

La défoliation

La défoliation d'un érable sycomore

La défoliation, le principe :

La défoliation consiste à supprimer totalement ou partiellement les feuilles d'un bonsaï, afin de créer une seconde feuillaison. L'arbre va créer de nombreux bourgeons pour reconstituer son feuillage mais avec moins de réserves les rameaux seront vigoureux, entraînant donc une réduction des feuilles et des entre-nœuds. 

l'érable sycomore en mai 2015, avant défoliation

Objectifs :
  • Forcer la ramification sur les rameaux de l'année ;
  • Obtenir des feuilles plus courtes ;
  • Obtenir des entre-noeuds plus courts ;
  • Réveiller des bourgeons latents.
  • Sélectionner si besoin
  • Ligaturer si besoin 

ces bourgeons, au cœur de la ramure, ne pourront pas s'ouvrir
faute de lumière. La défoliation permettra de les réveiller.
Epoque :

Elle se pratique en mai/juin, quand les rameaux sont en plein développement.
Avant, il y a un risque de trop affaiblir l'arbre qui n'a plus assez de réserves : il les a utilisé pour le débourrement, mais n'a pas eu le temps d'en reconstituer.
Après, les rameaux auront pris beaucoup de force et surtout les chaleurs estivales pourraient bloquer le bon développement de la seconde feuillaison.

Préalable :

L'arbre doit être en forme et engraissé. En principe, la technique ne se pratique pas sur un arbre récemment rempoté. Sur cet érable rempoté au printemps 2015, j'ai jugé sa vigueur suffisante pour pratiquer cette technique.


Technique : exemple sur cet érable sycomore

La défoliation consiste simplement à sectionner les pétioles avec des ciseaux. Elle doit être de préférence associée à une taille plus ou moins courte des rameaux, afin de concentrer la végétation à venir sur les parties utiles au bonsaï (proche des charpentières).

Il faut différencier l'intervention selon plusieurs cas :


  • Rameaux longs :

Sur le photo si contre, on voit bien que la taille des entre-nœuds augmente avec la croissance du rameau. L'érable sycomore en bonsaï, avec ses grandes feuilles et ses longs entre-nœuds, doit être très contenu.
Le principe sera de supprimer la première paire de feuille et de sectionner le rameau juste au-dessus (traits rouges sur la photo).


  • Rameaux courts :

Ces rameaux, faibles, ne se sont pas développés après l'émission des premières feuilles. Celles-ci seront coupées, mais le bourgeon terminal sera gardé afin de donner de la vigueur à ces branches faibles.



  • premier entre-nœud trop long :



La branche qui s'est développée à gauche était inutilisable en raison de la taille du premier entre-nœud. J'ai profité de la défoliation pour la supprimer totalement, mais sans chercher à la faire cicatriser en creusant à la pince concave, en raison de son faible diamètre d'une part, et parce que de nouveaux bourgeons, plus faibles, devraient apparaître sur son ancrage suite à la défoliation. Celle au-dessus aurait put être également supprimée, mais il sera possible de corriger sa raideur par une ligature par la suite.

  • rameaux trop forts


Sur cette image, il me restait à traiter la cime du tronc de droite. Elle a produit des rameaux très forts du fait de la dominance apicale. Plutôt que de les défolier et les tailler au-dessus du premier nœud, j'ai choisi de les supprimer totalement. La raison était qu'il fallait conserver, ou plutôt amplifier le caractère dominant du tronc du milieu (critère esthétique). De nouveaux bourgeons apparaîtront à proximité des coupes.

L'arbre après la défoliation


Après la défoliation, l'arbre doit être placé au soleil pour simuler l'apparition de nouveaux bourgeons sur le vieux bois. L'arrosage doit être maintenu mais sans excès, sans feuilles l'arbre ne transpire plus.

  • D + 10


10 jours après, de nombreux bourgeons latents se sont réveillés sur les branches. C'est le moment de supprimer des bourgeons mal placés : la profusion de rameaux entraînera un mauvais développement d'une partie d'entre-eux.

  • D + 15

 

L'arbre démarre sa seconde foliation. C'est le moment de pincer les parties le plus fortes, au niveau de la cime. Comme pour un érable japonnais, le pincement s'étale sur plusieurs jours au fur et à mesure du développement des bourgeons.

Il est probable que ce arbre n'est pas besoin d'être retaillé avant la taille de structure hivernale. 




lundi 16 mars 2015

premières mises en formes de jeunes cèdres




Voici un premier travail de mise en formes sur de jeunes cèdres de l'atlas de 4 ans.

Ces plants ont été préparés à l'âge de 2 ans par une ligature du tronc afin de leur donner du mouvement, et rempotés à cette occasion.

Depuis, ils ont simplement été cultivés dans l'attente de ce premier placement des branches. Ils sont destinés à devenir des shohins (bonsais de petites tailles).

Le travail a d'abord consisté à supprimer les branches faibles, les branches trop basses (jusqu'à la "première branche" potentielle), supprimer les branches mal placés (à l'intérieur des courbes) ou en surnombre.

Cela fait, les plants deviennent plus lisibles, et le choix de la face devient plus aisé. Celle ci est déterminée en cherchant le meilleur compromis entre mouvement et direction du tronc, et bien sûr le nébari.

La face trouvée, des tailles supplémentaires sont réalisées pour supprimer les branches inutiles et souvent raccourcir les branches trop fortes.

Enfin, une ligature de l'ensemble des branches termine l'intervention, en permettant de placer dans l'espaces chaque branche gardée. En théorie, ces arbres pourront par la suite se gérer par la taille (sauf "refonte" du bonsai).

quelques exemples de réalisation 

cèdre n° 1, les 4 faces




la face retenue après les tailles

le plant ligaturé


Cèdre n° 2, les 4 faces



le plant après les principales tailles

 


Cèdre n° 3

Le plant après le nettoyage


 Le plant après mise en forme



mardi 10 mars 2015

première mise en forme sur un cèdre

Un cèdre bleu de l'Atlas reçoit ses premières ligatures


Ce cèdre de pépinière à été rempoté au printemps 2013 dans ce bac de culture. Après avoir montré une grande vigueur (2 années plus tard), il était prêt à recevoir sa première mise en forme.

L'arbre sur ses 4 faces :






Pour mettre en forme cet arbre, j'ai souhaité m'inspirer du port typique des cèdres, dit tabulaire : à partir d'un certain âge, la cime s'aplatie et s'élargie au point de devenir horizontale. 
Quand on observe un de ces grand cèdre, on s'aperçoit que les branches charpentières situées sur la première moitié du tronc sont presque toujours ascendantes, à la manière de seconds troncs qui vont chercher la lumière. 
L'extrémité de ces branches maîtresses (ainsi que les branches secondaires) s'"horizontalisent" voir redescendent, en créant des plateaux de végétation de toute beauté autour de ces arbres puissants.

L'arbre fait d'abord l'objet d'une taille de nettoyage (rameaux morts ou faibles..), puis d'une taille de structure.
Il faut bien déterminer la hauteur de la cime. 2 grosse branches seront coupées : trop fortes, trop hautes, trop verticales pour créer la cime. Les moignons sont rapidement transformés en jin, car ils risquent d'être moins accessibles une fois le placement des branches réalisé. 

Ensuite, l'arbre est entièrement ligaturé pour placer chaque branche dans l'espace. 
Le bout des branches fortes a été raccourci afin d'éviter leur allongement et de favoriser la ramification des futurs plateaux.

Cette première mise en forme n'est pas parfaite, mais a permis de poser les bases. L'année 2015 devrait voir la formation de nouvelles branches permettant de créer de nouveaux petits plateaux intermédiaires.

L'arbre pourrait également évoluer en ne conservant qu'une ligne de tronc, pour le rendre plus léger.

L'arbre après la première mise en forme (février 2015), avec et sans flash :

cedrus atlantica glauca bonsai

cedrus atlantica glauca bonsai